seigneur, répondit finement et tristement Bougainville, on ne dira pas que vous parlez en cheval. »
Sans secours, sans troupes, comment résister encore ? Les dépêches de Montcalm trahissent son désespoir. Monseigneur, écrit-il au ministre le Ierseptembre 1758, la situation de la Nouvelle-France est des plus critiques. — Les Anglais réunissent, avec les troupes de leurs colonies, mieux de 50,000 hommes ; … qu’opposer à cela ? huit bataillons qui font 3,200 hommes ! »
Aussi de quelle lassitude est accablé le vaillant général qui sent l’inutilité de ses efforts ! quelle mélancolie dans ses lettres à sa famille ! Il écrit à sa femme : » Je soupire après la paix et loi ; aimez-moi tous… quand reverrai-je mon Candiac[1] !… » Candiac, c’était son lieu natal, le château où il avait passé son enfance ; il ne devait revoir ni Candiac ni les siens !
Dans l’été de 1759 une flotte anglaise formidable paraît devant Québec : 122 vaisseaux de ligne, 30 frégates, portant 10,000 hommes de troupes, couvrant le fleuve de leurs voiles. Un général de trente-deux ans, avide de gloire, impatient de se signaler, James Wolfe, commande cette nombreuse armée.
Impuissante ardeur ! Malgré le petit nombre des Français, la côte est bien gardée, et, pendant plusieurs mois, la flotte anglaise reste stationnaire dans
- ↑ Ch. DE Bonnechose, Montcalm et le Canada français. Paris, 1888, in-8°.