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Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/59

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l’Angleterre, la France.

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Message déposé par Kaviraf le 4/10/2024 à 00:21.

France. Pas un cri d’indignation ; pas un regret pour un monde perdu ! Devant un tel aveuglement, devant un tel abaissement des caractères, on ne peut que regarder d’un œil de douloureuse pitié cette malheureuse époque de notre histoire, et partager l’opinion que le marquis de Mirabeau, père du célèbre tribun, exprimait sur ses contemporains : « Ce royaume est bien mal, disait-il un jour, il n’y a plus de sentiments énergiques, ni d’argent pour les suppléer[1]. »

Le traité de Paris consacrait la prépondérance écrasante des Anglais en Amérique. Qu’allaient devenir ces 70,000 Canadiens-Français que nous y abandonnions avec si peu de regrets ? Leur nationalité, leur langue, leur religion, allaient subir de terribles assauts ; sauraient-ils les défendre ?

Tout paraissait conspirer contre ce petit peuple ; aucun obstacle ne semblait s’opposer aux projets de ses ennemis. Pauvre, peu nombreux, sans direction, que pourrait-il donc contre une nation puissante, hardie, riche, nombreuse, et chez qui le prestige de la victoire sur une rivale, jusqu’alors considérée comme la première puissance de l’Europe, justifiait un incommensurable orgueil ?

Tous les chefs naturels des Canadiens semblaient les avoir abandonnés ; tous avaient regagné la France.

  1. La scène se passait chez le docteur Quesnay. Un des interlocuteurs, M. de la Rivière, ajouta : « Il ne peut être régénéré que par une conquête, comme la Chine, ou par quelque grand bouleversement intérieur. Mais malheur à ceux qui s’y trouveront. Le peuple français n’y va pas de main morte. « (Mémoires de Mme du Hausset, collection Barrière, p. 128.)