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VINGT-QUATRE HEURES

dit), tous deux riants et parés comme en un jour de fête (car il me l’a dit) ; quand j’ai compris que le bruit de votre mariage s’était répandu partout, et que l’espérance était perdue pour moi, je n’ai plus rien vu, rien entendu ; je suis restée là, immobile, éperdue, et seule, seule avec un jeune homme, au milieu de la nuit ! Ah ! n’était-ce pas déjà une faute impardonnable ?

J’ai été longtemps dans cet état ; je ne pensais pas, je ne souffrais pas, je me croyais seulement abandonnée de l’univers, et comme si je n’existais plus. Mais tout à coup, ô Dieu !… j’ai senti mes mains, mes bras pressés entre les mains tremblantes d’un homme assis près de moi, et qui les couvrait d’ardents baisers. Égarée, en délire et tout entière à vous et à mon malheur, quelle autre idée que la vôtre pouvait se présenter à ma pensée ? Il me semblait, je m’en souviens comme d’une sorte de vision, il me semblait que vous reveniez à moi repentant et désolé ; une seule lumière brûlait encore, mais faiblement ; je vous voyais ; je croyais distinguer chacun de vos