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PENSÉES.

défaut à part, une modification du caractère, moins fâcheuse d’ailleurs que toute autre, et à laquelle le savoir doit d’autant moins mener, que la première chose qu’il nous prouve est l’immensité de ce que nous avons à apprendre, et le peu d’étendue de nos moyens. La crainte de voir l’amour de l’étude éloigner les femmes des devoirs intérieurs n’est pas moins illusoire ; c’est l’amour du monde et des plaisirs qui les en éloigne, et non l’habitude d’une vie sédentaire et occupée. Pour les femmes, comme pour les hommes, ce qui éclaire l’esprit ne peut nuire à rien, et peut s’appliquer à tout. Celui qui sait le plus est nécessairement celui qui se conduit le moins mal, et il est évident que les défauts, les travers qu’on leur reproche, tiennent à ce qu’elles ne savent pas assez, et non à ce qu’elles savent trop. Toute opinion contraire n’est qu’un sophisme absurde dont la base est l’envie des ignorants, ou l’insatiable, orgueil d’un petit nombre d’hommes instruits qui, blessés déjà d’avoir tant de rivaux dans leur sexe, ne peuvent supporter la pensée de trouver aussi des rivales dans le nôtre.