quelque chose d’exalté et d’incohérent qui tient de l’obscurité dans laquelle on se trouve, et de l’impossibilité où l’on est de voir ou d’apprécier les objets autrement que par la pensée. Le jour renaît-il, il éclaire à l’instant les esprits comme les yeux ; le jugement, la raison redeviennent justes et calmes, et tout ce que l’on a pensé, éprouvé, projeté pendant la nuit s’évanouit, ou ne paraît plus qu’une sorte de rêve.
LXXII.
Quelque peu de rapport qu’il puisse y avoir entre ce que nous voyons et ce que nous éprouvons, les objets extérieurs ont sur nous une sorte de pouvoir de chaque instant dont nous ne pensons pas à nous rendre compte, et auquel il nous est impossible de nous soustraire. Non-seulement ils influent sur la disposition de nos esprits, ils nous portent à la gaieté, à la mélancolie ; mais ils restent liés dans notre souvenir à tous nos sentiments, aux émotions de joie, de crainte,