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PENSÉES.


CXVI.


Il y a un défaut, ou plutôt une sorte de vice, qui trouble sans cesse l’ordre et le repos de la société, sans que pourtant on paraisse avoir pensé à se le bien expliquer ; c’est ce qu’on pourrait appeler l’âpreté d’esprit. La source en est en général la sécheresse du cœur, l’envie, l’orgueil, l’absence de sensations nobles, et surtout ce profond égoïsme qui ne connaît ni ménagements ni bornes. Celui qui a ce défaut voit tout, entend tout, calcule tout, s’approprie tout presque sans s’en apercevoir ! Si c’est un homme du monde, il devine à l’instant les liaisons, les projets, les intrigues cachées, et il use de ces lumières suivant son caractère ou son intérêt. Si c’est un artiste, un homme de lettres, un savant, il ne cherche pas ses idées dans son propre fonds, mais dans la conversation des gens instruits, dans leurs discussions, dans ce qu’ils disent de leurs travaux, de ceux des autres ; dans ces traits, ces mots qu’ils laissent échapper, et qu’il saisit avec