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PREMIÈRE PARTIE.

une sorte de perspicacité qu’un esprit droit a peine à comprendre. Si c’est un homme ordinaire, un simple serviteur, il peut encore troubler, et même sans le vouloir, le repos de ses supérieurs ou de ses maîtres : il est frappé presque involontairement de chaque mot qu’il leur entend dire ; il calcule l’impression que produit sur eux une lettre, une visite, une nouvelle ; et il devient un observateur d’autant plus alarmant que, par lë genre de ses relations, il ne peut bien juger les choses, et qu’il s’en fait nécessairement une idée fausse, et plus ou moins dangereuse.

Enfin, cette âpreté d’esprit qui s’attache à tout, qui ne respecte rien, qui se modifie suivant le rang, la position, les circonstances, est un fléau pour tout le monde, et même, pour celui qui a ce déplorable défaut ; car éprouvant sans cesse le besoin d’alimenter ses propres sensations par celles des autres, il ne peut connaître ce calme, cette quiétude d’esprit et d’âme qui sont la seule base du véritable bonheur ; et moins satisfait de ce qu’il saisit et s’approprie, que mécontent et en quelque sorte toujours irrité de ne pouvoir