Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/100

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Rois pour le faire valoir & en aſſurer le debit, ont été obligez d’établir tout ce grand nombre de Greniers à Sel, d’Officiers et de Gardes, que nous voyons répandus dans toutes les Provinces du Royaume sujettes à la Gabelle ; ce qui en augmente encore le prix, & fait qu’il y a beaucoup de menu Peuple dans les Païs où il n’eſt pas forcé, qui en conſomment peu, & n’en donnent jamais à leurs Beſtiaux. D’où s’enſuit que les uns & les autres ſont lâches et mal ſains ; ce qui ne fait pas la condition du Roy meilleure, parce qu’on en debite moins que ſi on le vendoit à un prix plus bas. Et quoy qu’il ſemble trés-difficile d’y remedier, à cauſe du long-temps qu’il y a que ce mal a pris racine, il ne me paroît pas néanmoins impoſſible qu’on n’en puiſſe venir à bout, en s’aidant dans l’occaſion de l’autorité du Roy, à laquelle rien ne reſiſtera dés qu’elle ſera employée avec juſtice.

La premiere choſe qui me paroît neceſſaire, ſeroit d’ôter cette diſtinction de Provinces ou de Païs à l’égard du Sel. Et je ſuis perſuadé que l’établiſſement de la Dixme Royale, en la maniere propoſée en ces Memoires, dans les dix-huit Generalitez des Païs Taillables, & ſujets à la groſſe Gabelle ; & la ſuppreſſion de tous les autres Impôts, en ouvriroient un chemin facile. Car on doit ſuppoſer comme une verité conſtante, que le Bien-être où ces Generalitez ſe trouveroient bientôt, ne manqueroit pas de ſe faire deſirer par les