Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/212

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, ce qui va quelquefois à tel excés, qu' ils en souffrent jusqu' à la privation des alimens necessaires au soûtien de la vie ; et les exposant à perir, en jette beaucoup dans le desespoir. Ce mal ne s' est que trop fait sentir dans ces derniers temps, où ce défaut joint à celuy d' une cruelle guerre, et des cheres années, a fait perir ou deserter une partie considerable des peuples de ce royaume, et tellement appauvri les autres, que l' etat s' en trouve aujourd' huy affoibli et trés-incommodé. Perte qui tombe directement sur le roy même, qui en souffre par la diminution de ses revenus, par la perte de ses meilleurs hommes, et par un déchet considerable de ses forces. Ce mal qui subsiste encore dans le temps que j' écris cecy, et qui s' augmente tous les jours, est sans doute beaucoup plus grand qu' on ne pense, et pourroit même tirer à des consequences trés-mauvaises par les suites. C' est pourquoy j' estime qu' il est à propos d' en donner une idée plus sensible, et qui fasse toucher au doigt et à l' oeil la grandeur de ce défaut. C' est ce que nous ferons en peu de mots, par une comparaison qui me paroît assez juste ; la voicy.

Il est certain que le roy est le chef politique de l' etat, comme la tête l' est du corps humain ; je ne croy pas que personne puisse douter de cette verité. Or il n' est pas possible que le corps humain puisse souffrir lésion en ses membres, sans que la tête en souffre. On peut dire qu' il es