Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/213

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t ainsi du corps politique, et que si le mal ne se porte pas si promptement jusqu' au chef, c' est qu' il est de la nature des gangrénes, qui gagnant peu à peu, ne laissent pas d' empieter et de corrompre, chemin faisant, toutes les parties du corps qu' elles affectent, jusqu' à ce que s' étant approchées du coeur, si elles n' achevent pas de le tuer, il est certain qu' il n' en échappe que par la perte de quelqu' un de ses membres. Comparaison qui a beaucoup de rapport à ce que nous sentons, et qui bien considerée, peut donner lieu à de grandes réflexions. Cela même m' autorise à repeter ce que j' ay dit, que les rois ont un interest réel et trés-essentiel à ne pas surcharger leur peuple, jusqu' à les priver du necessaire. J' ose même dire, que de toutes les tentations dont les princes ont le plus à se garder, ce sont celles qui les poussent à tirer tout ce qu' ils peuvent de leurs sujets ; par la raison, que pouvant toutes choses sur des peuples qui leur sont entierement soûmis, ils les auront plûtôt ruinez qu' ils ne s' en seront apperçûs.

Le feu roy Henry Le Grand de glorieuse memoire, se trouvant dans un besoin pressant sollicité d' établir un nouvel impôt qui l' assuroit d' une augmentation considerable à ses revenus, et qui paroissoit d' un établissement facile : ce bon roy, dis-je, aprés y avoir pensé quelque temps, répondit à ceux qui l' en sollicitoient, qu' il étoit