Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/22

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avoir toutes les bonnes qualitez, et même celles qui leur manquent. Ces moyens sont tous trouvez ; ce sera la Dixme Royale, ſi le Roy l’a pour agréable, priſe proportionellement sur tout ce qui porte revenu. Ce Syſtême n’est pas nouveau, il y a plus de trois mil ans que l’Ecriture Sainte en a parlé, & l’Hiſtoire profane nous apprend que les plus grands Etats s’en ſont heureusement ſervis. Les Empereurs Grecs & Romains l’ont employé ; nos Rois de la premiere & seconde race l’ont fait auſſi, & beaucoup d’autres s’en

ſervent encore en pluſieurs parties du Monde, au grand bien de leur Païs. On prétend que le Roy d’Eſpagne s’en ſert dans l’Amerique & dans les Iſles ; & que le grand Mogol, & le Roy de la Chine, s’en ſervent auſſi dans l’étenduë de leurs Empires.

Excellence de la Dixme Royale.En effet, l’établiſſement de la Dixme Royale impoſée ſur tous les fruits de la terre, d’une part, & ſur tout ce qui fait du Revenu aux hommes, de l’autre ; me paroît le moyen le mieux proportionné de tous ; parce que l’une ſuit toûjours son heritage qui rend à proportion de ſa fertilité, & que l’autre se conforme au Revenu notoire & non conteſté. C’eſt le Syſtême le moins ſuſceptible de corruption de tous, parce qu’il n’eſt ſoûmis qu’à ſon Tarif, et nullement à l’arbitrage des hommes.

La Dixme Ecclesiastique que nous conſiderons comme le modéle de celle-cy, ne fait aucun Procés, elle n’excite aucune plainte ; & depuis