Il y a long-temps qu' on s' est apperçû et qu' on se plaint, que les biens de la campagne rendent le tiers moins de ce qu' ils rendoient il y a trente ou quarante ans, sur tout dans les païs où la taille est personnelle ; mais peu de personnes ont pris la peine d' examiner à fond, quelles sont les causes de cette diminution qui se fera sentir de plus en plus, si on n' y apporte le remede convenable.
Pour peu qu' on ait de connoissance de ce qui se passe à la campagne, on comprend aisément que les tailles sont une des causes de ce mal, non qu' elles soient toûjours et en tout temps trop grosses ; mais parce qu' elles sont assises sans proportion, non seulement en gros de paroisse à paroisse, mais encore de particulier à particulier ; en un mot, elles sont devenuës arbitraires, n' y ayant point de proportion du bien du particulier à la taille dont on le charge. Elles sont de plus exigées avec une extrême rigueur, et de si grands frais, qu' il est certain qu' ils vont au moins à un quart du montant de la taille. Il est même assez ordinaire de pousser les executions jusqu' à dépendre les portes des maisons, aprés avoir vendu ce qui étoit dedans ; et on en a vû démolir, pour en tirer les poutres, les solives et les planches qui ont été venduës cinq ou six fois moins qu' elles ne valoient, en déduction de la taille.
L' autorité des personnes puissantes et accréditées, fait souvent moderer l' imposition d' une ou de plusieurs paroisses, à des taxes