Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/36

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et peut attirer des richesses immenses, qui surpassent celles que les Indes pourroient luy fournir, si elle en étoit maîtresse.

Elle a de plus chez elle des proprietez singulieres, qui excitent un commerce interieur qui luy est trés-utile. C' est qu' elle n' a guéres de province qui n' ait besoin de sa voisine d' une façon ou d' autre ; ce qui fait que l' argent se remuë, et que tout se consomme au dedans, ou se vend au dehors, en sorte que rien ne demeure.

Que si cela ne se trouve pas au pied de la lettre aussi précisément que je le dis, ce n' est ni à l' intemperie de l' air, ni à la faute des peuples, ni à la sterilité des terres, qu' il en faut attribuer la cause ; puisque l' air y est excellent, les habitans laborieux, adroits, pleins d' industrie, et trés-nombreux ; mais aux guerres qui l' ont agitée depuis long-temps, et au défaut d' oeconomie que nous n' entendons pas assez, soit dans le choix des impôts et subsides necessaires pour entretenir l' etat, soit dans la maniere de les lever ; soit dans la culture de la terre par rapport à sa fertilité. Car c' est une verité qui ne peut être contestée, que le meilleur terroir ne differe en rien du mauvais s' il n' est cultivé. Cette culture devient même non seulement inutile, mais ruineuse au proprietaire et au laboureur, à cause des frais qu' il est obligé d' y employer, si faute de consommation, les denrées qu' il retire de ses terres, luy demeurent et ne se vendent point.