Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/40

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par exemple de Bretagne en Normandie, ce qui rend les françois etrangers aux françois mêmes, contre les principes de la vraye politique, qui conspire toûjours à conserver une certaine uniformité entre les sujets qui les attache plus fortement au prince ; mais encore d' un lieu à un autre dans la même province ; et on a trouvé tant d' inventions pour surprendre les gens, et pouvoir confisquer les marchandises, que le proprietaire et le païsan aiment mieux laisser perir leurs denrées chez eux, que de les transporter avec tant de risques et si peu de profit. De sorte qu' il y a des denrées, soit vins, cidres, huiles, et autres choses semblables, qui sont à trés-grand marché sur le lieu, et qui se vendroient cherement, et se debiteroient trés-bien à dix, vingt et trente lieuës de-là où elles sont necessaires, qu' on laisse perdre, parce qu' on n' ose hazarder de les transporter.

Ce seroit donc un grand bien pour l' etat, et une gloire incomparable pour le roy, si on pouvoit trouver un moyen seur, qui en luy fournissant autant ou plus que ne font les tailles, les aydes et les doüanes provinciales, délivrât son peuple des miseres ausquelles cette même taille, les aydes, etc. Les assujétissent. Et c' est ce que je me suis persuadé avoir trouvé, et que je proposeray dans la suite, aprés avoir dit un mot du mal que causent les affaires extraordinaires, et les exemptions.

Il étoi