Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/47

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parce que tous les autres ont des incertitudes et des difficultez insurmontables.

Ce qu' on a toûjours trouvé à redire dans l' imposition des tailles, et à quoy les ordonnances réiterées de nos rois n' ont pû remedier jusqu' à present, est qu' on n' a jamais pû bien proportionner l' imposition au revenu ; tant parce que cette proportion demande une connoissance exacte de la valeur des terres en elles-mêmes et par rapport aux voisines, qu' on n' a point pour l' ordinaire et qu' on ne se met pas en peine d' acquerir, à cause qu' il faudroit employer trop de temps et de peines ; que parce que ceux de qui dépendent les impositions, ont toûjours voulu se conserver la liberté de favoriser qui il leur plairoit, dans les païs où la taille est personnelle. Et pour ce qui concerne les païs où la taille est réelle, une experience seure et bien éprouvée par un fort long temps, fait voir que les anciennes estimations n' ont point de proportion au produit present des terres, et qu' il y a une trés-grande disproportion des impositions, non seulement de paroisse à paroisse, mais de terre à terre dans une même paroisse ; soit que cela soit arrivé, parce que les terres, comme le corps humain, changent de temperament, et ne sont pas toûjours au même degré de fertilité : ou par l' inégalité des superficies bossillées qui diversifient la qualité des terres à l' infini ; ou par l' infidelité des experts-estimateurs. Comme il est arrivé dans la generalité de