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Le Problème des Universaux dans son évolution historique du IXe au XIIIe siècle.

La philosophie scolastique constitue un vaste corps de doctrine, et c’est bien mal la comprendre que de la caractériser par des étiquettes extérieures, par les procédés qui ont été les instruments de sa propagation, ou par la langue de ses docteurs. — Ce corps de doctrine n’a pas jailli, un jour, du cerveau d’un homme de génie. C’est un tout organique, soumis à une évolution harmonieuse. Par son développement rythmique, à l’instar de la philosophie indienne et de la philosophie grecque, la scolastique constitue un cycle fermé et caractéristique de l’histoire de l’esprit humain. Dans une progression lente et paisible, elle se développe du IXe au XIIe siècle, atteint la plénitude de son épanouissement pendant le XIIIe siècle, dépérit à la fin du XIVe siècle pour se revigorer un instant au XVIe siècle.

Ce n’est pas que l’unité de système dans la scolastique stérilise chez ses représentants l’originalité de la pensée. Des dissidences les séparent : mais ces dissidences n’altèrent que le détail, laissant intact un fonds universellement respecté. On pourrait presque appliquer aux grands représentants de la pensée médiévale[1] ce

  1. La philosophie scolastique n’est pas toute la philosophie médiévale. Mais elle est au moyen âge la philosophie de l’École par excellence, de l’École la plus universellement répandue.