Page:De l'État des nègres relativement à la prospérité des colonies françaises et de leur métropole Discours aux représentants de la nation, 1789.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(25)

l’amour de la nouveauté, plus que le deſir de s’inſtruire, ont fait voyager en Angleterre depuis quelques années ; & il a jugé que les plus grands ennemis de la France pouvoient être des François mêmes.

Effectivement, Messieurs, rappellons-nous avec quelle ardeur les opinions de vingt ſectes diverſes, toutes plus dangereuſes, plus abſurdes les unes que les autres, furent embraſſées par des perſonnes de tout ſexe & de toute condition, il y a quelques années ; & nous concevrons que le miniſtere anglois a pu ſe persuader qu’il n’y avoit rien de ridicule, de deſtructeur, en tout genre, qu’il ne fut poſſible de faire adopter à des François.

Le Miniſtere Anglois a donc dû voir ſans inquiétude l’établiſſement de la ſociété des amis des Noirs à Londres ; mais encore il a dû, dans ſes vues de vengeance & de deſtruction contre la France, faire protéger cette ſecte par ſes orateurs, ſes écrivains les plus célèbres qui, dans ce pays comme ailleurs, ſavent mesurer leurs opinions, leurs maximes ſur la quantité d’or qu’on leur préſente.

Il a dû faire répandre mille écrits divers en faveur de la doctrine de cette ſociété.

Il a dû faire porter en grand appareil la cauſe des amis des Noirs, ces protecteurs de la liberté des hommes, au tribunal ſuprême de la nation angloiſe.

Cette cauſe a dû faire l’objet de beaucoup de ſéances fort intéreſſantes, & donner de grandes inquiétudes à cette claſſe nombreuſe de négocians obſervateurs de la marche du Miniſtere Anglois.