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Chemin des Dames, comme on l’appelle d’un nom tristement fameux.

Ce système n’a jamais été réalisé complètement. Et, là où il avait été réalisé, il a, sur bien des points, etc détruit.

C’est ainsi qu’un certain nombre de projets de loi, préparés par l’Etat-major, présentés en 1880, 1899 et jusqu’à la veille de la guerre, par les Ministres de la guerre successifs, le général Farre, M. de Freycinet, M. Krantz, M. Messimy, rapportés par des parlementaires conservateurs, comme MM. Vandame et Grosjean, avaient déclassé peu à peu un certain nombre de places et de forts, restreint ou supprimé les travaux prévus. Je ne saurais vous rien dire de mieux que de vous lire les descriptions que voici du fort d’Hirson, prises en 1914. Le général Le Gros, dans La Genèse de la Bataille de la Marne, écrit ce qui suit à son sujet :

« Dans le courant d’août 1914, nous étant rendu à Vervins, où se trouvait le Q. G. du Groupe dont faisait partie la division que nous commandions, le chef d’état-major nous fit lire une lettre du général en chef qui indiquait, en réponse à des observations qui lui avaient été soumises, que « le rassemblement du « groupe était couvert par le fort d’Hirson ». Or, un officier d’état-major, envoyé aussitôt au fort, l’avait trouvé inoccupé et désarmé ; un gardien de batterie et sa femme, c’était tout ; cela n’avait rien de surprenant, attendu que le fort était déclassé depuis longtemps. »

M. Engerand, député bonapartiste du Calvados, qui a voté la loi de trois ans, dit dans son très beau livre, Le Secret de la Frontière :