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de 59.000, afin d’avoir des compagnies de 200 hommes dans les régiments de couverture et de 140 dans les autres. Avec les 143.000 soldats exigés pour ces besoins, ils demandaient quelques milliers d’hommes pour créer diverses unités nouvelles. Ils arrivaient ainsi à un total d’environ 150.000 hommes de supplément qui ne pouvaient être trouvés que par l’appel d’une classe de plus sous les drapeaux.

Evidemment, ce raisonnement ne tenait pas debout. Il avait toujours été entendu que l’armée de choc, l’armée de première ligne, se composerait des hommes de vingt et un à vingt-sept ans, composant les six plus jeunes classes. De ces six classes, qu’on mît deux sous les drapeaux et qu’on laissât quatre chez elles, ou qu’on mît trois sous les drapeaux et qu’on laissât trois chez elles, il y avait toujours six classes qui devaient marcher dès le premier jour. Le service de trois ans n’ajoutait pas un homme pour la première bataille.

C’était donc une loi de bluff pur et simple. Tout au plus aurait-on pu dire qu’elle simplifiait un peu la mobilisation, puisque le jour de la déclaration de guerre on aurait une classe de moins à amener dans les casernes, à habiller et à armer. Mais ce n’était pas là ce qui préoccupait les troisannistes. Ce qu’ils voulaient surtout, disaient-ils, c’était renforcer les troupes de couverture et par là ils montraient que leur préoccupation restait toujours la même : ne considérer comme armée de choc que les jeunes soldats encasernés, les autres ne devant remplir que des missions de second ordre ; réserver à l’armée active seule toute la besogne principale.

Vous vous souvenez de ce qu’on a raconté au moment de la discussion de la loi de trois ans sur l’atta-