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Il nous reste en effet à voir dans l’application quelles furent les conséquences des principes dont je vous ai donné une idée très rapide. Pour la commodité de mon exposé, je le diviserai en trois paragraphes : d’abord, question des effectifs ; ensuite, question des armements ; enfin, plan de mobilisation.


Pourquoi nous n’eûmes pas assez d’hommes


La question des effectifs est celle de la loi de trois ans.

Vous vous souvenez certainement de la campagne que le Parti socialiste a menée en 1913. Il y avait jusque-là une loi de deux ans votée en 1905, que l’armée professionnelle n’avait jamais acceptée. Lorsqu’elle avait été votée, le général Hagron, alors généralissime, avait donné sa démission avec éclat. Ni lui, ni ses collègues n’avaient admis ce qu’ils considéraient comme une déviation fâcheuse de l’armée vers la démocratie. Lorsque l’Etat-major ne fut plus composé que d’hommes de leur sorte, leur premier soin fut d’essayer de démolir la loi de deux ans.

M. Etienne, ministre de la Guerre dans le cabinet Barthou, et qui, en tant que chef des coloniaux, était, lui aussi, tout naturellement partisan d’une armée professionnelle, M. Etienne était l’homme qui devait les aider à réaliser leurs projets.

L’argumentation des troisannistes brillait par sa simplicité : Nous avons, disaient-ils, une armée de 544.000 hommes sur le pied de paix. Les Allemands ont 653.000 hommes et ils en auront bientôt, avec leur nouvelle loi militaire, 863.000. Pour pouvoir lutter efficacement, il faut augmenter nos troupes de couverture de 84.000 hommes et nos autres troupes