Page:De l'Incapacité des Militaires à faire la Guerre - André MORIZET.pdf/21

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de les relire pour savoir qui avait raison des professionnels incompétents et ignares, ou des « laïcs » qui s’inspiraient du bon sens et de la raison :

« Tandis que l’on nous présente la stratégie allemande comme une stratégie d’offensive improvisée, hâtive, partielle, qui sacrifiera à l’effet de surprise l’effet de masse, tous les stratèges, tous les théoriciens de l’Allemagne sont d’accord pour porter d’abord au maximum l’action de masse. »

Et encore :

« Si je disais toute ma pensée, je dirais que probablement l’Etat-major allemand sourit avec une joie profonde de la naïveté par laquelle nous donnons à l’hypothèse d’une attaque brusquée avec un petit nombre d’hommes une place de premier rang, alors que nous paraissons méconnaître la préparation profonde des masses qu’elle mobiliserait à la première heure. Si vous vous bornez à étudier, à prévoir et à parer l’hypothèse d’une irruption soudaine de 150.000 hommes de couverture ou d’une attaque brusquée à effectifs réduits, si vous ne vous mettez pas en face de la véritable hypothèse ; l’Allemagne méthodique, l’Allemagne pénétrée de l’esprit d’offensive, mais qui ne cesse de répéter que l’offensive ne doit débuter que lorsqu’on a groupé toutes ses forces, l’Allemagne qui étudie la stratégie des masses, si vous méconnaissez ce véritable péril, cette véritable donnée du problème, vous aurez affolé la nation sur des périls de surface et vous lui aurez caché les périls réels. »

Il disait aussi : « Si vous ne voulez pas être débordés, ce n’est pas seulement vos effectifs de casernes, ce n’est pas seulement votre armée de première ligne