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rait, lui, que les réservistes étaient des gêneurs inutiles à une bonne armée de métier bien réduite et bien étroite : « Pour la guerre fatale et prochaine, la France a suffisamment de soldats. L’Allemagne en aura peut-être trop ! »

Il faut tout lire ! J’ai retrouvé dans les Annales du 15 décembre 1912 un article d’un olibrius de la même farine, le lieutenant-colonel Rousset (rires) :

« On aurait tort de se laisser influencer par la fantasmagorie de pareils chiffres — il parle des effectifs de l’armée allemande. — Ils dépassent toute mesure, parce que des masses aussi énormes ne pourront jamais être armées, nourries, transportées et surtout commandées. Une armée moderne ne vaut, à l’heure actuelle, que par ce qu’elle peut utiliser dans le choc du début. La guerre future sera courte, pour des raisons multiples, que j’ai déjà exposées ici, et auxquelles l’aventure des Balkans vient de donner une valeur expérimentale. Un million d’hommes en première ligne, livrant la bataille décisive qui durera huit, dix ou quinze jours, c’est un maximum. »

Ne croyez pas que les culottes de peau seules ont écrit des choses comme celles-ci. Il y a un homme qui a droit, sans aucune contestation possible, bien que ce titre ait été quelquefois donné à M. Barrès ou à M. Hervé, au titre de « prince des bourreurs de crâne » ; c’est M. Georges Clemenceau. Il a émis pendant la guerre toutes les sottises, des sottises trop oubliées et qu’on ne relit pas assez. Le 7 août 1914, c’est-à-dire dans les premiers jours de la guerre, voici ce qu’il disait dans L’Homme libre :

« La natalité de la population française a décru ? Nous aurons trop de soldats ! » (Exclamations.)