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sace-Lorraine, il faudra que les Allemands maintiennent des troupes de couverture. Pour envahir la Belgique, ils disposeront donc tout au plus de dix corps d’armée, ou douze au maximum, s’ils engagent la totalité de leurs réserves stratégiques (ce qui ne signifie pas leurs contingents de réservistes) y compris les deux corps de la garde. Eh bien, général, voici un double décimètre, veuillez mesurer la distance qui sépare Malmédy de Lille et calculez le développement dangereux pour leurs troupes d’un mouvement aussi excentrique par rapport à leur ligne d’invasion. Ce serait une grave imprudence de leur part ! Mais ils ne commettront pas cette faute et nous n’aurons pas cette chance-là ! »

J’ajoute que M. Clemenceau, au début de la guerre, a, lui aussi, sous une autre forme, prononcé des paroles semblables et que le 9 août 1914 il a écrit dans L’Homme libre :

« Il est impossible de passer (par la Belgique) et quant à supposer qu’une armée qui aurait traversé la Belgique pourrait établir ses services d’arrière exigeant des possibilités de communication, c’est simplement inadmissible. » (Exclamations.)

L’armée française était donc concentrée, grâce à ces messieurs, entre Belfort et Mézières. Il n’y avait au delà, dans la trouée de l’Oise, dans la région de Vervins, que trois divisions de réserve, celles du général Valabrègue.

Le dispositif de l’armée française répondait, d’ailleurs, parfaitement au projet que l’Etat-major prêtait à ses adversaires. Dans l’Instruction générale numéro 1 du 8 août, l’Etat-major communique aux différents chefs d’armée l’emplacement des armées alle-