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mandes : 6 corps en Alsace-Lorraine, 10 corps au centre et 5 corps en Belgique. En réalité la formation allemande était tout autre. Les Allemands n’avaient pas eu la sottise, comme notre Etat-major leur en prêtait l’intention, les jugeant à son aune, de mobiliser contre nous 21 corps d’armée, mais 34, par l’adjonction de 13 corps de réserve. Ils les avaient placés pour la plupart au nord. Ils n’avaient que 8 corps d’armée, le quart de leurs effectifs, en Alsace et en Lorraine, mais ils en avaient 13 au centre, c’est-à-dire en face de notre aile gauche, et 13 en Belgique, où ceux-ci ne trouvaient en face d’eux que les 117.000 hommes de l’armée belge.

Le général Bonnal, directeur de l’Ecole de Guerre, avouant avec une naïveté charmante que ses collègues et lui avaient été — passez-moi le mot — roulés, a écrit quelques mois plus tard ces phrases qui, si elles ne s’appliquaient pas à un sujet aussi tragique, seraient véritablement désopilantes :

« Nous nous trompions étrangement, car, à la date du 2 août, les Allemands disposaient à la frontière belge de 21 corps d’armée actifs et de 13 corps d’armée de réserve, soit de 34 corps d’armée.

« …Le secret du plan de guerre allemand fut si bien gardé, malgré le grand nombre d’officiers mis dans sa confidence, que dans les premiers jours d’août on en ignorait en France les dispositions essentielles… »

Cependant le grand Etat-major français refusait de voir clair et, loin de corriger ses erreurs, il s’y roulait avec une véritable frénésie. Tous les jours des renseignements lui parvenaient de tous côtés : renseignements que lui donnait le corps de cavalerie