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riel existant, et qu’au surplus nous avions assez de 75.

Après lui, le contrôleur général Mauclère, directeur des poudres, expliqua de même qu’on n’avait fabriqué aucun explosif depuis le mois d’août, parce qu’on n’avait jamais songé à en fabriquer pendant les hostilités. Le médecin-inspecteur Toussaint, directeur du service de santé, l’intendant général Défait, directeur de l’intendance, déposèrent, pour ce qui les regardait, en termes analogues.

Leurs déclarations suscitèrent une véritable stupeur. La Commission de l’armée tempêta, exigea, et n’obtint que bien lentement un changement de méthode. Pour vous en donner une idée, au mois de mars 1915, d’après une lettre officielle du général Pédoya au ministre de la guerre, 170 fusils seulement avaient été fabriqués. Les premiers parurent au lendemain de la création du sous-secrétariat de l’armement, c’est-à-dire au lendemain du jour où les civils ont commencé à s’en mêler.

La Commission sénatoriale de l’armée, moins indulgente que celle de la Chambre, parce qu’elle était présidée sans doute par le terrible Clemenceau, vota le 23 juin 1915, à l’unanimité, sur la proposition de son président, un ordre du jour visant M. Millerand, ministre de la guerre, et qui était ainsi conçu :

« La Commission sénatoriale de l’armée, constatant que, depuis le vote de l’ordre du jour du 17 mai dernier, la situation de notre matériel de guerre s’est aggravée, déclare que l’inactivité et les fautes lourdes de l’administration de la guerre ont créé un danger pour la Patrie. »

Que dire aussi des déboires des malheureux inven-