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teurs qui essayaient de faire adopter tel ou tel engin utile, dont les militaires ne voulaient pas !

M. Georges Claude, le savant qui dirige la Société de « L’Air Liquide », avait essayé de doter l’aviation de bombes à oxygène liquide. Il a raconté dans un livre, Politiciens et Polytechniciens, les déboires de son invention qui ne fut jamais adoptée.

Vous avez peut-être entendu parler des aventures de M. Archer, inventeur du canon d’accompagnement, qui ne put jamais non plus faire accepter son engin et que ses réclamations véhémentes menèrent en conseil de guerre.

L’histoire des tanks a fait l’objet de longues polémiques depuis l’armistice. Nous y avons appris que le premier tank, essayé en Champagne en 1915, avait été immédiatement condamné par l’Etat-major. C’est seulement en 1918, après deux ans et demi d’efforts de la Commission de l’armée, que les tanks ont commencé à jouer un rôle dont il est inutile de dire combien il a été important.

Je connais personnellement, parce qu’il habite dans ma commune, à Boulogne, un industriel, M. Feuillette, qui a été l’inventeur de la première grenade à fusil, celle qui fut en service jusqu’au moment où l’on ne voulut plus que des grenades à main. Si vous voulez savoir comment fut adoptée la première grenade, voici, telle que je la tiens de M. Feuillette lui-même, l’histoire qui vaut, comme vous le verrez, d’être connue :

M. Feuillette était sapeur, au début de la guerre, dans une formation territoriale du côté de Verdun. Il s’aperçut rapidement qu’on avait besoin d’engins de tranchée et il imagina de fabriquer, avec un bout de tuyau, une grenade assez primitive qu’il monta sur