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pagne, qu’il avait dirigée. Il y déclare nettement qu’il n’y a pas d’offensive possible tant que l’on n’aura pas une supériorité de matériel incontestable.

Le résultat fut simple. Conformément à tous les principes, le général Pétain fut aussitôt limogé. On l’envoya pendant tout l’hiver 1915-1916, à l’arrière, diriger des manœuvres de cadres au camp de Noailles. C’était la quasi-disgrâce. Il ne reprit un commandement sur le front qu’en 1916, lorsque les Allemands commencèrent l’attaque de Verdun. On recourut alors à lui pour arrêter leur irruption. Puis, après l’effroyable expérience de Nivelle, il occupa le poste suprême.

A partir de ce moment a prévalu la doctrine de temporisation relative. Il a fallu — et c’est la morale de cette histoire — près de trois ans pour qu’un hétérodoxe, prêt de prendre sa retraite en 1914 comme colonel, remplaçât les orthodoxes qui n’avaient rien su prévoir, ni organiser.


Le Crime de l’Armistice


D’ailleurs, s’ils n’avaient rien appris à ce moment, il n’est pas démontré qu’ils aient compris davantage depuis.

Quand ils ont essayé de donner des raisons de leurs échecs, ils l’ont fait en rejetant la responsabilité sur tous les pauvres bougres qu’ils avaient fait tuer, sans jamais accepter pour eux la moindre part. Le 10 décembre 1915, un récit des événements survenus depuis le début de la guerre fut adressé par le G. Q. G. aux ambassadeurs et ministres de France pour être répandu dans tous les pays étrangers. On y lisait cette explication des défaites du commencement de la guerre :