Page:De la Houssaye - Les petits soldat.djvu/13

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Catiche obéit : ramassa un des bâtons fusils, le plaça fièrement sur son épaule et se mit en marche, du pas de course du soldat. Mais, arrivée devant la basse cour, elle y entra, et ayant fermé la porte à double tour et lancé le bâton par terre.

« J’en ai assez de ces bêtises, dit-elle… si j’écoutais maitre Gustave, y f’rait bien vite de moi un de ses petits soldats… mais pas d’ça. Minette, j’ous autre chose à faire…mes poules ont faim et il faut que j’leur donne leur pitance. »

Une heure se passa, puis une autre et pas un des petits soldats ne parut. Gustave, escorté de Bob et précédé d’Adam, qui avait repris le tambour et le tapait de toutes ses forces, et de Malotru qui suivait en remuant la queue, marchait le long du bayou, regardant de tout côté et ne voyant rien venir. Enfin, il arriva à un endroit très ombragé, où le bayou était moins large que dans d’autres, et là attaché à un arbre, il aperçut un esquif.

« Oh ! l’esquif du jardinier ! s’écria-t-il, quel bonheur ! puisque nous ne pouvons jouer aux soldats, nous allons jouer aux matelots. Entre là dedans, Bob.

— Oh ! non maitre : j’nose pas.

— M’as-tu entendu ? répéta Gustave qui n’était pas loin de se mettre en colère. Entre, te dis-je et fais entrer ton frère.

— Oh ! oh ! j’ai peur… moi ! dit le petit nègre en pleurant… j’sais pas nager.

— Ni moi, dit Gustave… mais je sais ramer.

— C’est justement ça, dit Bob qui reprenait son courage : voyez, maitre, nous sommes quatre. Malotru et moi, nous nageons comme les poissons du bayou… mais vous, maitre Gustave, mais pauvre Adam… vous vous noierez si l’esquif capote.

— Mais il ne capotera pas. Saute, te dis-je. »

Le pauvre Bob qui avait peur d’être battu, entra dans le bateau en aidant son frère à y entrer.