Page:De la Houssaye - Les petits soldat.djvu/12

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— Vaudrait bien mieux pourtant que j’aille soigner mes poules », répondit la brave femme ; mais trop faible pour résister aux ordres du maitre, elle se mit en marche, formant l’arrière garde avec Adam et Malotru.

Mais voici que ce dernier étourdi par le bruit du tambour, refusa de marcher ; Gustave lui distribua quelques coups de baguette, ce qui l’effraya bien davantage. Alors Bob passa une patte du chien sous son bras, Catiche le soutient de l’autre et le patient animal put suivre le pas marqué par le tambour. Ils passèrent ainsi devant madame Delavaine qui lisait sous son chêne vert favori.

« Qu’est-ce donc, Catiche ? demanda-t-elle en riant. Où allez-vous donc tous comme cela ?

— Maîtresse, répondit la bonne créature, tout heureuse de procurer un nouveau plaisir à son jeune maitre : c’est un conscrit qui va apprendre l’exercice.

— Tiens, Malotru, voilà pour te donner du cœur, dit madame Delavaine en jetant un morceau de gâteau au chien. Allez… et faites en sorte que tout se passe bien. »

Ceci était à l’adresse de Gustave ; il le comprit et, comme il était de bonne humeur, il envoya à sa mère un baiser au bout de ses doigts.

Il ordonna à Bob de prendre le tambour des mains d’Adam afin, et lui d’appeler les soldats à l’exercice ; le lieutenant obéit et pourtant pas un soldat ne parut sur le champ de bataille. La moutarde monta au nez du capitaine.

« Butors ! Déserteurs ! cria-t-il… où peuvent-ils être ? mais je le saurai… il faut que je le sache. Vivandière Catiche, prenez un de ces fusils et mettez-vous à la poursuite de ces conscrits déserteurs. »