Page:De la Houssaye - Les petits soldat.djvu/8

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Je f’rai plus attention la prochaine fois. »

Lorsque le petit nègre se fut éloigné et que Madame Delavaine se vit seule avec son fils, elle le fit asseoir à côté d’elle, et l’enlaçant de ses bras :

« Écoutez-moi, mon fils, dit-elle, j’ose espérer que vous profiterez des bons conseils que je vais vous donner. Vous souvient-il de votre père, Gustave ?

— Oui, maman, répondit le petit garçon qui avait quatre ans quand il avait perdu son père.

— Il était le meilleur des maris et des pères, continua madame Delavaine ; il vous aimait comme un bon père aime toujours son seul enfant ! Sa dernière prière a été de faire de vous un honnête homme, un bon citoyen et surtout un bon maitre. »

Gustave baissa la tête en silence.

« Oui, reprit la jeune veuve, tous ses esclaves l’adoraient et auraient été prêts, au moindre appel, à donner leur vie pour lui… ah ! c’est qu’il les traitait en amis, comme on doit traiter les créatures humaines créées par la main de Dieu et non comme vous les traitez, vous, mon fils. »

À ces mots, Gustave cacha sa tête sur l’épaule de sa mère : celle-ci continua :

« Ce n’étaient pas seulement les nègres de son habitation qui aimaient monsieur Delavaine ; il avait un grand nombre d’amis car il était toujours poli, obligeant envers tout le monde, tandis que vous, mon fils, vous êtes cruel, insolent avec vos inférieurs, fier avec vos égaux. De plus, vous êtes volontaire, impérieux, emporté, et, qui plus est, méchant ; oui méchant ! je le dis en pleurant. Si un enfant blanc comme vous, n’a pas votre mise, s’il est pauvre, vous vous croyez le droit de le mépriser et vous usez envers lui du langage le plus mortifiant… Quand ces petits mal-