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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/125

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Pouponne au milieu de sa veillée si triste et si solitaire, pour suivre Tit Toine sur la route où il venait de s’engager. Comme le lui avait ordonné sa sœur, il s’était arrêté à la cabane des Labauve et avait délivré à Zozo le message de Pouponne. Dans toute autre circonstance, la mère aurait peut-être refusé d’exposer son enfant au danger d’un pareil orage ; mais, il s’agissait d’un mourant, et parmi les Acadiens, un respect sans limites est porté à ceux qui vont mourir ; et, selon eux, leur refuser quelque chose, appellerait la malédiction du ciel sur la tête de celui qui oserait commettre un pareil crime. Avant que Zozo eût le temps de répondre à Tit Toine, la vieille aïeule s’écria :

— Faut qu’il aille, ma fille ! qui sait ! demain, ça s’ra p’tête mon tour.

Zozo fit pour son fils ce que Pouponne avait fait pour son frère, elle l’enveloppa de son mieux… lui mit par dessus ses vêtements le capot de couverte de son père et, lui mettant en mains le bâton de l’aïeule.

— C’est en cas d’mauvaises rencontres, dit-elle.

Et, au bout d’un instant, on eût pu-