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Le prêtre éleva le crucifix et l’exposa aux regards du vieillard.

— Celui qui est mort pour nous sur la croix, nous ordonne le pardon des injures, dit-il.

Et se retournant vers Balthazar.

— Continuez mon fils, ajouta-t-il. Comment le corps de madame Thériot se trouvait-il là ? reprit le jeune homme, je ne l’ai jamais su : mais voilà ce que je présume : après s’être vu arracher sa fille et ses petits enfants, la pauvre femme dut perdre connaissance et, étendue sur la terre échappa aux regards de ceux qui veillaient à charger les navires de leur cargaison humaine. Lorsqu’elle revint à elle, elle avait bien certainement perdu la raison et prit machinalement le chemin de sa maison. Soit pour en finir avec elle, soit qu’elle eût, dans son désespoir, insulté les Anglais, un des soldats lui passa son sabre au travers du corps et la laissa seule, vivante encore peut-être. Lorsque nous pénétrâmes dans la maison elle était morte depuis plusieurs heures.

— Qu’ils soient maudits ! ceux qui peuvent ainsi traiter une faible femme