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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/147

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parole. J’essayais de pénétrer dans la maison de mon père : elle était pleine de soldats qui buvaient et chantaient entre ces murs bénis où j’étais né, où j’avais été si heureux !

« Périchon, de son côté, voulut entrer dans la maison de sa mère : nous n’avions rien mangé depuis le matin et nous espérions pouvoir y trouver quelques provisions. Nous n’eûmes point de peine à nous y glisser, toutes les portes et les fenêtres étaient ouvertes. Nous entrâmes, et, au moment où Périchon allumait une chandelle qu’il venait de trouver sur la cheminée, mes pieds s’embarrassèrent dans quelque chose qui était étendu sur le plancher. J’appelai Périchon… et… horreur ! oh ! Pouponne, c’était le corps de ta mère que nous avions devant nous… de ta mère morte, baignée dans son sang !… de ta mère assassinée par les Anglais !

Il s’arrêta : les forces lui manquaient pour continuer ; Pouponne jeta un cri et un sanglot déchirant s’échappa de ses lèvres.

— Horreur ! s’écria le mourant, oh ! malédiction sur ces monstres qui assassinent les femmes et les enfants !