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pouvoir offrir sans crime mon travail et mon amour à ce qu’il y a de plus cher après la patrie : mon père et ma fiancée ! et j’espérais qu’après les avoir retrouvés, qu’après avoir pressé la main que je cherchais pour en être béni, j’espérais que cette main ne me repousserait pas avec colère et mépris… Mon père ! Pouponne ! oh ! dites-moi… dois-je être maintenant heureux où maudit ?

— Heureux, aimé, béni ! n’est-ce pas mon père ? s’écria Pouponne en enlaçant le cou de son fiancé et celui de son père et en réunissant dans une même étreinte leurs deux visages inondés de larmes.

— Oui ma fille, dit le vieillard, à demi suffoqué. C’est Dieu qui nous a vaincus, mes enfants et non pas les Anglais.

Après ces paroles, il se fit un instant de silence pendant lequel ces trois infortunés retrouvèrent ensemble le sentier perdu de leur bonheur : mais, ils ne devaient pas y marcher longtemps.

Pouponne tenait le vieillard entre ses bras quand elle sentit tout-à-coup