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dame Bossier vint elle-même chercher Pouponne et l’emmena chez elle.

— Ma chère enfant, lui dit-elle, vous ne pouvez plus rester à la cabane de votre père, seule avec ces deux garçons dont l’un est votre fiancé. Vous attendrez près de moi le moment de votre mariage, et, pendant les trois mois qui s’écouleront d’ici là, Balthazar pourra faire à la cabane les changements nécessaires, et nous deux, nous nous occuperons de votre trousseau. Qu’en dites-vous, ma chère Pouponne ?

Ce fut avec autant de plaisir que de reconnaissance que Pouponne accepta l’invitation de son amie. Tous les jours Balthazar venait rendre visite à sa fiancée et s’étonnait de plus en plus des changements extraordinaires qu’il observait en elle. La petite paysanne folle et gaie, au parler et aux manières tant soit peu vulgaires et qui n’avait jamais ouvert un livre de sa vie, avait fait place à une adorable jeune fille au maintien grave et modeste, à la parole pure et distinguée et dont chaque mouvement était imprégné d’une grâce inimitable. Pouponne avait beaucoup grandi pendant ces six années qui ve-