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naient de s’écouler et Balthazar avouait qu’elle avait beaucoup embelli. Sans éducation lui-même, le jeune homme dont tout le savoir consistait à savoir lire et écrire, ne pouvait s’empêcher de deviner que la petite tête de sa fiancée renfermait des trésors de science.

Grâce à Charlotte, Pouponne vendait ses cotonnades aux marchands de la Nouvelle-Orléans et en recevait un haut prix qu’elle employait presque tout à acheter des livres instructifs. En face d’une intelligence aussi extraordinaire, d’un si grand désir d’apprendre, monsieur Bossier s’était fait l’instituteur de la jeune fille. Certes, la pauvre enfant avait bien peu de temps à donner à l’étude, mais dès qu’elle avait un moment de libre, elle accourait près de ses amis et réclamait du mari des leçons d’orthographe, d’arithmétique et de géographie qui bien vite firent place aux langues étrangères, à l’histoire et aux mathématiques, et de la femme des leçons de broderies de tous genres dans lesquelles Charlotte excellait. Le résultat de cette éducation interrompue souvent pendant des semaines en-