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comme tout le monde voulait aller aux noces de Pouponne et que l’église était fort loin, il fallait s’y rendre le mieux possible. Pour les hommes, ce n’était rien, mais les femmes ! ah ! il fallait les voir passer le long du fleuve, nu pieds, au beau milieu de la boue et toutes chargées d’un paquet contenant leurs chaussures et leur robe de bal. La plupart avaient la tête couverte de papillotes qu’on apercevait au dessous du mouchoir qu’elles avaient jeté sur leurs cheveux et qui venait s’attacher sous le menton.

Mais la portion la plus risible de la procession étaient les cavaliers et les cavalières grimpées derrière eux. Souvent, sur le même cheval, on voyait un Acadien amenant sur sa monture, en croupe, sa femme, sa sœur ou sa fiancée et encore un ou deux enfants. Et de distance en distance, on pouvait apercevoir un pauvre petit cheval créole, pliant sous le poids d’une demi douzaine d’enfants qui le montaient à poil. Comme les pédestriennes, les cavalières étaient pieds nus et portaient comme elles leurs