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était dix heures et le dîner devait être servi à midi précises, puis aussitôt terminé, on recommencerait à danser et le bal durerait jusqu’au grand jour. Tel était le programme qui avait été annoncé par Zozo. Si nous nous en souvenons, c’était à elle et à sa belle-sœur Titine que Pouponne avait confié la surintendance du festin et du bal de ses noces, et elles s’acquittaient à merveille de leur charge, surtout Titine qui, s’étant mariée deux fois, savait par expérience ce que c’était qu’une noce cadienne.

Tout autour de la salle de bal, on avait improvisé des bancs en mettant des planches sur des troncs d’arbres, portés là pour la circonstance. L’orchestre était composé d’abord du violonneux du canton, le bel Étienne Aucoin qui, en ce jour mémorable s’était adjoint trois des nègres de monsieur Bossier, qui passaient pour musiciens de premier ordre. Ils se tenaient tous les quatre debout, chacun sur un baril différent, et le chef d’orchestre, Étienne le violonneux, tout en agitant son archet, battait la mesure du pied et de la tête à la fois. Un des nègres jouait aussi du violon ; quant aux