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camarades de Balthazar se souvenaient de sa belle voix, l’un d’eux cria :

— L’marié ! l’marié ! faut que l’marié y nous donne une p’tite chanson !

Balthazar qui s’était promis de se soumettre à toutes les exigences de ses convives, se leva en souriant et un verre de vin à la main, commença :

L’amour est un chien d’vaurien
Qui fait plus d’mal que d’bien.
Habitants des galères,
N’vous plaignez pas d’ramer,
Vot’mal, c’est du suque
Près de c’ti là d’aimer.

Ce fut par un jour de printemps
Que je m’déclarai l’amant,
L’amant d’une brunette
Belle comme un curpidon
Portant fine cornette
Posée en parpillon.

Et, à chaque couplet, la foule criait, les convives frappaient leurs verres de leurs couteaux et faisaient mille grimaces et autant de contorsions dont Pouponne détournait les yeux avec dégoût.

Balthazar qui s’était arrêté un instant, reprit :

Alle a deux yeux briyants
Comme des pierres de diamants,