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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/211

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pétant le refrain d’une chanson cadienne que Placide se souvenait d’avoir entendu chanter par Tit’Mine.

Voilà ce que disait cette chanson dont la chanteuse répétait les derniers mots au moment où Placide arrivait :

Quand j’étions jeune et fraise, (fraîche)
J’aviont un amoureux,
Fringant, chaud comme braise,
Jeune, beau, vigoureux !
J’voyais les étincelles
Briller dans ses yeux… Dah !
Pour une péronnelle,
Le gueux m’a planté là.

Il mettait la semaine
Deux fois du linge blanc,
Et comme un capitaine,
La toquante d’argent,
Le fin bas d’écarlate
À côtés de melon,
Et toujours de ma patte
Frisé comme un bichon.

La nuit quand je sommeille
J’pense à mon coquin,
Mais l’plaisir m’éveille
Tenant mon traversin…
La chance est ben tournée :
A c’t’heur’ c’est Catin
Qui ronge la dragée
Et moi l’chicotin.