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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/31

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leurs bras à ceux qu’elles apercevaient par l’ouverture de la porte.

— Oh ! les nobles héroïnes ! s’écria Charlotte.

— Tu ne les fuiras plus ? demanda son mari.

— Oh ! tais toi, Pierre ! s’écria la jeune femme en rougissant ; je ne savais pas.

Le père Jacques continua : « Elles ne reculèrent que lorsqu’elles virent Butler tourner la clef dans la serrure.

« Ah ! qui pourra jamais analyser et peser les douleurs que la nuit qui suivit cette catastrophe cacha dans ses ténèbres ?… toutes ces familles sans chef, toutes ces femmes faibles et défaillantes, sans soutien, toutes ces mères dépouillées de leurs joies, de leur orgueil, de leur amour… toutes ces places vides au coin du foyer, aux lits des époux… toute cette douce gaîté de la veillée envolée… tous ces baisers du soir, ces doux rires d’enfants qu’on ne devait plus recevoir et entendre ! Et à tout cela se mêlaient d’horribles visions, des cauchemars hideux… Dieu seul a tout vu, tout entendu !

« Le départ des Acadiens fut fixé