Aller au contenu

Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 32 —

au 10, et Winslow fit avertir les prisonniers. Cinq vaisseaux les attendaient ou plutôt étaient attendus à chaque instant.

Alors on relâcha pour un jour seulement, dix des prisonniers afin qu’ils pussent aider leurs femmes à faire les provisions de l’exil ; dix autres prirent leurs places le lendemain, mais hélas ! une trentaine, tout au plus, purent profiter de cette permission : deux jours seulement les séparaient du moment du départ.

« Je vous l’ai dit : Winslow avait promis aux Acadiens que les familles ne seraient point séparées, et cependant, sans sembler se souvenir de cette promesse, les soldats poussèrent d’abord les jeunes hommes et les enfants, ensuite les vieillards, et alors les femmes furent jetées (cette expression est la seule vraie,) à tout hasard, sur ces vaisseaux, sans savoir qui elles devaient rencontrer… Oh ! c’était affreux ! affreux ! ”

Le prêtre s’arrêta pour prendre haleine. Charlotte, la figure cachée entre ses deux mains, pleurait à chaudes larmes. Placide, comme son frè-