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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/62

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après avoir échangé quelques paroles avec Titine, elle s’avança vers Charlotte, appuyée en ce moment à la barrière.

Une chose à remarquer, c’est que l’Acadien n’est pas timide et a son franc parler en présence de n’importe qui ; ni la richesse, ni l’aristocratie ne lui en impose et il parlera avec autant de familiarité à une princesse qu’à une gardeuse de dindons.

Zozo était nu pieds et n’avait sur la tête, pour la garantir du soleil qu’un mouchoir de cotonnade bleue attaché sous le menton. Mon aïeule était comme d’ordinaire, fort simplement vêtue d’une robe de laine brune, d’un épais tartan écossais, (cela s’appelait un chale angora) et d’une coiffe de soie noire ; mais pour ces pauvres femmes qui l’examinaient, elle était habillée avec un luxe inoui, et portait une toilette à la hurluberlue, comme venait de le dire la vieille grand’mère.

Mais Zozo ne sembla même pas s’en apercevoir et s’approcha de la barrière au travers de laquelle la conversation s’échangea.

— Bonjour madame, dit Charlotte, toujours polie, pardonnez-moi de vous