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yeux ou en damas, et toujours de couleurs brillantes, et aux dessins bigarrés.

On eût dit que Pouponne, avec son goût inné pour le beau, avait deviné ce luxe des grandes maisons où elle n’était jamais entrée. Ses tables bien frottées, reluisaient comme si elles avaient été vernies ; le bois brut d’un canapé, celui du fauteuil du père Landry, étaient cachés dans les plis d’une légère cotonnade à carreaux rouges, filée par les doigts agiles de la jeune Acadienne. De plus, on retrouvait dans cette modeste cabane, le luxe de toutes les demeures, les fleurs. Les enfants du campement adoraient Pouponne, et c’était à qui, de ces petits Acadiens, voulait cueillir pour elle les plus belles fleurs et lui porter les plus gros bouquets. Des vases communs contenaient deux gerbes de fleurs des champs : l’un était placé dans la chambre de Pouponne, l’autre à la tête du lit du père Landry.

Au moment où la voiture de madame Bossier s’arrêtait, notre petite Acadienne, toujours pensive, tricottait des chaussettes, assise à côté de son père adoptif qui venait de s’en-