Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

exceptionnelle, d’un homme qui disposait d’une immense fortune, qu’il dépensait tout entière pour subvenir aux besoins de ses compagnons, songez à ce que dut souffrir la seconde bande d’Acadiens, chassés par les Anglais et n’ayant pour chef qu’un pauvre prêtre dont la voix s’élevait plutôt pour consoler que pour commander.

Ces pauvres familles étaient venues à la Lousiane les unes après les autres, comme viennent les débris d’un naufrage, sur la même falaise, quand, après bien des vents contraires, une brise continue se met à souffler vers la terre. Des frères qui avaient eu des familles nombreuses, arrivèrent avec quelques uns de leurs enfants ou seulement avec ceux de leurs voisins. Des jeunes filles parties avec leurs vieux parents, se rendirent avec les parents des autres. Un homme qui comptait plusieurs frères, parvint au terme de la route avec deux de ses neveux ; il n’entendit jamais parler de ceux qui étaient restés en arrière, Quelques amis, quelques alliés réussirent à se joindre à différents intervales, mais cela fut rare.