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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/88

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préfèrent rester à Grand Pré où ils étaient nés et où était tout ce qu’ils possédaient en ce monde, de plus, ils conservaient toujours l’espérance de revoir encore, au foyer paternel, des jours de justice et de tranquillité.

« Ces séparations étaient devenues fréquentes depuis quelque temps, mais aucune, peut être, n’avait été aussi pénible que celle-ci : Norbert et Ursin étaient, comme Balthazar, les préférés de leur père ; il était vieux, il devinait les événements qui se préparaient et il se disait avec désespoir ;

— « Mes pauvre gars ! les reverrai-je jamais !

« Il avait racheté tout ce que ses fils avaient été obligés de vendre : leurs animaux, leurs meubles, il avait tout gardé, afin de faciliter leur voyage ; de plus, il avait donné l’ordre à Balthazar de partir avec ses frères, afin de les aider dans leur nouvelle demeure.

— « Tu reviendras quand y n’auront pus besoin de toi, avait-il dit :

« Il fallait partir la nuit pour éviter d’être arrêtés comme traîtres. Certes le départ de ses enfants était cruel pour le père Landry, mais, comme je