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avait ouvert une existence nouvelle et l’avait fait entrer dans les mondes inconnus où tout était surprise pour elle. Pauvre enfant qui ne savait pas lire, elle trouvait un plaisir inexprimable à écouter lire et prêtait aux lectures que lui faisaient ses amis une attention vraiment surprenante. Rien ne l’étonnait ; elle comprenait tout ce qu’elle entendait, et avait besoin de bien peu d’explications. Bientôt, elle manifesta le désir d’apprendre à lire et, à sa prière, Charlotte lui donna ses premières leçons. Au bout de trois mois, notre petite Acadienne lisait tout aussi bien que son institutrice et put bientôt charmer la solitude du père Landry en lui faisant des lectures pieuses et intéressantes.

La pauvre petite ne découchait jamais ; comment abandonner son père adoptif pendant la nuit ? mais, comme je l’ai dit, elle venait quelque fois passer de longues journées près de sa nouvelle amie, laissant pour ces quelques heures le vieillard aux soins de la vieille Céleste, l’esclave fidèle et zêlée à laquelle Charlotte avait confié la tâche d’amuser et de soigner le père Landry pendant les absences de