Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/152

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générale et trop puissante qu’ils ont eue sur les destins de la société. Ils établirent une guerre réelle entre le pouvoir et les sujets, d’abord entre la noblesse et le trône, puis entre le peuple et le roi. La première, presque terminée par Richelieu, finit sous Louis XIV, dans les plaisirs et les fêtes de la cour : la seconde a fini sur la place Louis XV, et l’Europe sait comment.

Ainsi donc, et ceci mérite qu’on y réfléchisse, en séparant, contre la nature essentielle des choses, l’ordre politique de l’ordre religieux, le monde aussitôt a été menacé d’une anarchie ou d’un despotisme universel ; la sécurité des états est demeurée sans garantie, ou n’a eu pour garantie qu’une balance illusoire des forces. Chaque état soumis, dans son intérieur, à la même cause de désordre, a marché également vers le despotisme et l’anarchie : et pour échapper à ces deux fléaux des sociétés humaines, qu’a-t-on jusqu’à ce jour imaginé ? Encore une balance des forces, ou, en d’autres termes, des pouvoirs ; voilà tout : on a fait des traités de Westphalie.

Et comme les nations, divisées par leurs intérêts, seule loi qu’elles reconnoissent en tant que nations, n’ont aucun lien commun, et, au lieu de former entre elles une société véritable, vivent à l’égard les unes des autres dans un état d’indépendance sauvage, ainsi là où plusieurs