usurpations plus iniques et plus audacieuses, que depuis l’invention de ce système destiné à les prévenir ; et la loi suprême de l’intérêt, promulguée solennellement par quelques puissances qui veulent voir le fond de cette doctrine, ne semble pas promettre à l’Europe des destinées plus tranquilles à l’avenir.
Du reste, les mêmes causes qui détruisirent la grande société des peuples et arrêtèrent le progrès de la civilisation chrétienne, agissant aussi dans chaque état, y produisirent des effets semblables.
Les rapports de justice furent ébranlés et le droit sacrifié souvent à l’avarice et à l’ambition. Il étoit difficile que les maximes par lesquelles les souverains régloient leur conduite au dehors, ne pénétrassent pas plus ou moins dans le gouvernement intérieur ; et cela sous des princes même religieux, parce que, distinguant deux personnes diverses dans le monarque, on se persuadoit que la règle des devoirs étoit autre pour l’homme, autre pour le roi, à raison de la souveraineté qui légitime tout, n’ayant aucun juge, ni aucun supérieur sur la terre. On en a dit autant du peuple, et par la même raison, lorsqu’on l’a déclaré souverain.
L’esprit du christianisme et les mœurs qu’il avoit formées combattoient sans doute et modifioient dans la pratique ces principes funestes ; mais on ne laisse pas d’en suivre le développement de siècle en siècle, et personne ne contestera l’influence