Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/170

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religion est une loi à laquelle la raison de l’homme et l’homme tout entier doit obéissance : donc le protestantisme est une solennelle protestation, non seulement contre le christianisme, mais encore contre toute religion quelconque. Peu importe ce que croit ou ne croit pas chaque protestant : quand il croit, ce n’est jamais par le motif fondamental que Dieu a révélé la vérité qui est l’objet de sa croyance, mais parce que sa raison juge que c’est réellement une vérité : sans quoi sa raison ne feroit plus, en croyant, un acte d’indépendance, mais un acte d’obéissance, et en ce cas sa foi seroit évidemment une abjuration du protestantisme.

Ainsi, dès qu’en rejetant l’autorité de l’Eglise, on refuse de reconnoître un juge infaillible de la doctrine, l’idée même de religion s’évanouit. Nous le verrons bientôt encore plus clairement. Il suffit en ce moment de considérer ce que sont devenus les dogmes chrétiens dans la réforme. Les sociniens, dès son origine, s’avancèrent jusqu’au déisme, et c’est là que Genève en est aujourd’hui. Les anglicans se plaignent des progrès qu’il fait parmi eux. Des sectes s’élèvent, qui demandent quelle puissante raison il y a pour croire à une révélation écrite, et qui, soutenant avec hardiesse que l’évangile n’est pas susceptible d’être défendu par des moyens raisonnables, prétendent démontrer que les écritures du Nouveau-Testament ne sont pas les œuvres des